Dans le cadre de sa stratégie de diversification économique, l’Arabie saoudite met en place des réformes majeures pour attirer investisseurs et talents internationaux. Ces nouvelles mesures, qui s’articulent autour de la « Vision 2030 » du prince héritier Mohammed ben Salmane, visent à transformer le royaume en hub d’investissement régional.
Un nouveau système de classification des travailleurs expatriés
Depuis le 1er juillet 2024, le royaume a introduit un système innovant de catégorisation des permis de travail pour les expatriés. Ce dispositif classe les travailleurs étrangers en trois niveaux distincts : hautement qualifié, qualifié et basique. Cette classification s’appuie sur plusieurs critères déterminants tels que les qualifications professionnelles, l’expérience acquise, les compétences techniques, le niveau de rémunération et l’âge des candidats.
Cette réforme répond à un besoin croissant de main-d’œuvre spécialisée pour soutenir les projets d’envergure du royaume, notamment dans les secteurs de la construction, de l’ingénierie, du tourisme et des technologies. Ces initiatives s’avèrent d’autant plus nécessaires que certains projets phares, comme Neom, requièrent un afflux massif de professionnels qualifiés.
Ouverture du marché immobilier aux investisseurs étrangers
À partir du 1er janvier 2026, une législation révolutionnaire permettra aux ressortissants étrangers d’acquérir des biens immobiliers sur le territoire saoudien. Cette mesure concerne aussi bien les expatriés résidant en Arabie saoudite qu’aux Émirats arabes unis, sans exigence de citoyenneté saoudienne.
Toutefois, ces acquisitions seront limitées à des zones spécifiquement désignées, incluant notamment Riyad, la capitale administrative, et Djeddah, importante station balnéaire et centre économique. Les villes saintes de La Mecque et Médine demeureront soumises à des restrictions particulières en raison de leur statut religieux.
Une stratégie d’alignement sur les modèles du Golfe
Cette approche s’inspire directement des stratégies déployées avec succès par d’autres émirats du Golfe. Dubaï, Abou Dhabi et Doha ont démontré l’efficacité de telles politiques d’ouverture, attirant des milliards de dollars d’investissements étrangers grâce à la libéralisation de leur marché immobilier.
Auparavant, l’acquisition immobilière par des étrangers nécessitait un investissement minimum de 4 millions de rials saoudiens (environ 1,1 million de dollars) et l’absence de toute hypothèque sur les biens convoités. Ces nouvelles dispositions simplifient considérablement les procédures d’accession à la propriété.
Un contexte économique en mutation
Ces réformes interviennent dans un contexte où l’Arabie saoudite, qui compte 33 millions d’habitants dont 44% d’étrangers, cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Face à l’anticipation d’une baisse des cours pétroliers, le royaume mise sur son soft power et ses capacités d’attraction pour diversifier son économie.
Les ambitions du pays se concrétisent également par l’organisation d’événements sportifs internationaux majeurs : les Jeux asiatiques d’hiver en 2029 et la Coupe du monde de football en 2034. Ces rendez-vous constituent autant d’opportunités de valoriser les efforts de développement et de modernisation du royaume.
Des objectifs financiers ambitieux
Dans le cadre de la « Vision 2030 », l’Arabie saoudite s’est fixé l’objectif colossal de mobiliser 2 670 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030. Ces réformes du marché du travail et de l’immobilier constituent des leviers essentiels pour atteindre cette cible et positionner le royaume comme une destination privilégiée pour les capitaux et les talents internationaux.
Cette transformation structurelle témoigne de la volonté saoudienne de s’imposer comme un acteur économique incontournable de la région, capable de rivaliser avec les autres centres financiers du Golfe.